La croix peut-elle être une « bonne nouvelle » pour les femmes ?

La théologie mennonite de la paix et la souffrance des femmes

The Abstract

(For the English original version, please click here.) Pour des femmes qui ont été attaquées ou violées, l’invitation à accepter passivement la souffrance comme étant la volonté de Dieu n’est pas une bonne nouvelle. Si on leur dit pour les encourager qu’il y a une récompense dans le ciel et que leur souffrance peut fortifier […]

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Academic article by Susanne Guenther Loewen

(For the English original version, please click here.)

Pour des femmes qui ont été attaquées ou violées, l’invitation à accepter passivement la souffrance comme étant la volonté de Dieu n’est pas une bonne nouvelle. Si on leur dit pour les encourager qu’il y a une récompense dans le ciel et que leur souffrance peut fortifier leur foi, on ne leur apporte pas d’espérance concrète dans leur situation difficile. Rien ne dit que la voie de Dieu puisse les éloigner de leur souffrance et leur apporter une vie nouvelle. Du point de vue théologique, le fait qu’une femme violée rejette la souffrance serait une trahison : refuserait-elle par là de prendre sa croix et de suivre Jésus ?

—Carol Penner12

Au cours des décennies passées, du fait de la prolifération d’interprétations des écritures chrétiennes et de la théologie présentées par des femmes à la lumière de leurs expériences spécifiques à leur sexe et trop souvent oubliées, certains aspects des interprétations traditionnelles de la croix sont devenus profondément problématiques. De nombreuses théologiennes ont mis en évidence le mal causé en exhortant les femmes à accepter les mauvais traitements et la violence qui seraient des images de la croix de Jésus-Christ : elles refusent le lien simpliste qu’on établit entre la souffrance des femmes et la crucifixion de Jésus-Christ car cette idée émane de la notion problématique que toute souffrance, et peut-être surtout les souffrances imméritées subies par des innocents, auraient un caractère rédempteur, seraient voulues de Dieu et devraient par conséquent être supportées et non combattues.3

Comme le souligne plus haut la théologienne mennonite féministe canadienne Carol Penner, ce problème est peut être particulièrement aigu au sein des Eglises pacifistes historiques issues de la tradition anabaptiste mennonite. Bien que cette tradition ait rejeté la notion de violence salvatrice – ou même à cause de cela – elle a traditionnellement mis l’accent sur la non-résistance au mal et par conséquent donné une place centrale à la souffrance rédemptrice dans sa théologie, dans son éthique et dans sa sotériologie. Pour Carol Penner, bien que la théologie mennonite insiste sur la paix et la non-violence, elle a le plus souvent gardé le silence concernant les violences faites aux femmes et la souffrance des femmes. Selon elle, certains aspects de la théologie mennonite de la paix ont fait du tort aux femmes. Ils les ont encouragées à se soumettre passivement à toutes formes de souffrance jugées salvatrices dans le contexte d’une éthique du renoncement à soi-même et de l’amour de l’ennemi.4  Cette éthique fait du Christ crucifié le paradigme de l’éthique de la paix et souligne que les chrétiens doivent eux aussi prendre leur croix. Mais pour Carol Penner, cette conception de la croix a perpétué la souffrance des femmes parce que l’Église mennonite et sa théologie n’ont pas tenu compte de la violence et des mauvais traitements qu’elles ont subies.5  Carol Penner n’est certainement pas seule. Au cours des années passées, beaucoup de femmes mennonites et quelques hommes ont posé des questions corollaires à celles de la théologie féministe6 traditionnelle et à celles de la théologie des femmes afro-américaines7, comme par exemple la fameuse question de la théologienne féministe Rosemary Redford Ruether : « Est-ce qu’un sauveur de sexe masculin peut sauver les femmes ? »8 qui devient plus spécifique lorsque la représentante de la théologie des femmes afro-américaines JoAnne Marie Terrell se demande : « Est-ce que la confession de foi de la croix est-elle hostile aux intérêts des femmes noires ? Ou y a-t-il une puissance dans le sang ? »9 Les discussions théologiques mennonites se concentrent sur l’héritage déconcertant de la conception non-résistante de la croix qui force les femmes à prendre sur elles les « croix » que sont les mauvais traitements physiques, l’abus sexuel et les souffrances qui pourraient être évitées.10 On peut résumer ces discussions de la manière suivante : « La croix est-elle une bonne nouvelle pour les femmes ? » Je pense que la croix peut être effectivement prêchée et enseignée comme une bonne nouvelle pour les femmes, mais seulement si elle est (ré)interprétée soigneusement du point de vue théologique et éthique, c’est à dire si elle illustre la solidarité de Dieu avec les opprimés, si elle est un instrument de libération, si on ne lui fait pas dire que toute souffrance a un caractère salvateur ou que les femmes doivent se soumettre à la violence et aux mauvais traitements. Dans les lignes qui suivent, je vais examiner cette possibilité à partir de la théologie féministe traditionnelle, de la théologie féministe afro-américaine et du travail de spécialistes mennonites qui prêtent attention à la voix des femmes. Mon objectif est une ré-interprétation incorporant la conception féministe, afro-américain et mennonite de la croix pour qu’elle puisse être une bonne nouvelle – une nouvelle de paix et de libération –  pour les femmes.

Tragédie ou triomphe ? Les théologiennes féministes et afro-américaines discutent de la croix. Avant de me tourner vers une ré-interprétation féministe/afro-américaine-mennonite de la croix, il est important d’évoquer les débats théologiques féministes et féministes afro-américains quant au caractère salvateur ou non de la croix pour les femmes. Il y a d’un côté l’idée que la croix n’est pas libératrice, qu’elle n’est que le symbole d’une tragédie. C’est la position de féministes comme Joanne Carlson Brown et de Rebecca Parker qui parlent de la croix comme d’un symbole de « maltraitance divine contre un enfant » et qui concluent que « personne n’a été sauvé par la mort de Jésus » car « la souffrance n’est jamais rédemptrice ».11 De même, Rita Nakashima Brock trouve inacceptable de « prétendre que la mort tragique et douloureuse de quelqu’un soit voulue de Dieu ou nécessaire pour sauver les autres. »12 Et, tenant compte des expériences faites par les femmes afro-américaines qui ont servi de « substituts » dans le domaine sexuel, pour la reproduction et le travail du temps de l’esclavage, la théologienne afro-américaine Delores S. Williams met en question l’image de Jésus comme « substitut » ultime « en raison d’un acte sanglant sensé avoir remporté la victoire sur le péché et/ou le mal. » Sa conclusion : « Il n’y a rien de divin dans le sang de la croix. »13 Ces quatre théologiennes considèrent que la vie et le ministère de Jésus ont un caractère rédempteur et sont un exemple, mais pas sa mort par crucifixion. Ceci est une réponse possible au mauvais usage de la croix en réponse à la souffrance des femmes. Selon moi, elle aboutit à une christologie faible qui vide pratiquement la croix de toute signification théologique. J’en reparlerai plus loin.

À l’autre extrémité, on trouve l’argument selon lequel la croix peut être rédemptrice et même la représentation du Christ crucifié en tant que femme (appelée parfois « Christa ») pour illustrer la solidarité de Dieu, en particulier avec les femmes.14 La féministe Mary Grey s’explique : « Christa libère, non en … proclamant que la souffrance des femmes aurait en elle-même un caractère rédempteur, mais en étant présente, en partageant le déchirement et en considérant cette présence  comme la priorité de l’amour de Dieu qui guérit. Ainsi, Christ donne de l’espérance, dynamise et appuie le processus de résistance. »15 Les théologiennes afro-américaines Jacqueline Grant  et JoAnne Marie Terrell représentent Christ comme « Dieu qui souffre avec » – une femme noire – pour illustrer l’identification de Dieu avec « tous les gens de couleur » qui « partagent la croix du racisme en tant que système » et avec « toutes les femmes » qui « meurent encore chaque jour sur la croix du sexisme. » JoAnne Marie Terrell précise que la croix n’est rédemptrice que si on reconnait que « Dieu ne sanctionne en aucun cas la violence. »16 La théologienne de la libération Dorothee Sölle dit de la croix qu’elle peut « se répéter » car « Jésus souffre partout où les êtres humains sont tourmentés. » Le Dieu d’amour n’est pas indifférent. Il n’est pas la cause de la souffrance et il ne l’ignore pas. Il est « aux côtés des victimes. » : « Dieu n’est pas dans le ciel; (Dieu) est attaché à la croix. » Cette prise de parti pour les victimes conduit Dorothee Sölle à parler de la résistance non-violente comme compassion intentionnelle en vue de la libération qu’elle compare avec un accouchement ou une souffrance qui donne la vie. Pour elle, la croix a deux dimensions : elle rappelle aux opprimés que Dieu est avec eux et veut leur libération et elle appelle les privilégiés à imiter la solidarité aimante de Dieu avec les opprimés et sa résistance non-violente à la souffrance.17 À mon avis, cette conception de la croix met en évidence la tragédie de la souffrance injuste des innocents tout en affirmant qu’elle est le symbole de la souffrance exemplaire, non-violente et libératrice de Dieu avec les femmes.

La paix et la souffrance des femmes : interprétations mennonites féministes/afro-américaines de la croix.

S’appuyant sur la critique féministe/afro-américaine des interprétations traditionnelles de la croix, plusieurs théologiens mennonites ont réinterprété la croix. Du point de vue méthodologique, ils ont commencé à mettre la réflexion féministe et afro-américaine sur la souffrance des femmes en rapport avec l’orientation mennonite concernant la paix et la non-violence. Dans la plupart des cas, cependant, ces discussions restent consacrées à la signification éthique de la croix (est-elle ou non exemplaire pour les chrétiens ?) plutôt que sur sa signification théologique (qu’est-ce qu’elle communique concernant Dieu et son action dans l’histoire ?). Bien sûr, ces deux questions sont liées, mais elles ne sont pas identiques. J’apprécie l’accent mis sur l’éthique et la pratique par les mennonites, les féministes et la théologie féministe afro-américaine, mais j’aimerais voir une plus grande cohésion entre notre théologie et son incarnation dans la pratique.

Le théologien mennonite américain J.Denny Weaver a été critiqué pour sa ré-interprétation non-violente de la rédemption (sotériologie de la croix).18 D’accord avec les féministes et les théologiennes afro-américaines qui disent que les l’interprétations traditionnelles et violentes de l’expiation méritent  l’accusation de « maltraitance sur enfant », J. Denny Weaver a élaboré le modèle de  « l’histoire du Christ vainqueur » qui met moins en relief la croix comme aspect de la doctrine de la rédemption et la replace dans le contexte du récit de la vie de Jésus, de sa mort et de sa résurrection. J.Denny Weaver écrit que Dieu n’a pas « envoyé Jésus dans le but précis de mourir et sa mission n’était pas de mourir … la mission de Jésus avait pour but de donner la vie – de rendre visible le règne de Dieu » c’est-à-dire d’annoncer la victoire non-violente de Dieu sur les puissances du péché, de la mort et de la violence par la résurrection.19 Selon Denny Weaver, les deux autres interprétations historiques principales de la rédemption – dans lesquelles, pour le dire brièvement, Dieu a exigé la mort de Jésus, soit pour satisfaire la justice divine (doctrine de la satisfaction et/ou de la substitution selon Anselme), soit pour démontrer la solidarité divine (doctrine de l’influence morale selon d’Abélard) – ne parviennent pas à surmonter le problème que pose le fait que Dieu utilise une certaine forme de violence en vue du salut : « Si Dieu s’est véritablement révélé dans la personne du Christ non-violent, Il ne devrait pas être décrit comme un Dieu qui approuve et qui emploie la violence. »20 La  croix est donc « toute autre chose qu’un acte d’amour de Dieu » et elle signifie plutôt que Jésus a été rejeté par les « puissances » qu’il a confrontées sans violence. Cette résistance non-violente et ce « mode opératoire » différent a coûté la vie à Jésus et coûte aux croyants leur « vie que nous donnons à Dieu pour le reste du temps que nous passons sur terre. »21

La position de Denny Weaver a le mérite de chercher à surmonter à la fois les problèmes posés pas la notion de violence rédemptrice du point de vue de sa tradition pacifiste mennonite et le problème de la souffrance rédemptrice mis en évidence par les féministes et les théologiennes afro-américaines.22 Il est aussi crucial que Denny Weaver présente des arguments en faveur de la non-violence humaine et divine et dise de Jésus qu’il est la révélation claire de la non-violence de Dieu, établissant ainsi un lien étroit entre la théologie et l’éthique par une représentation christo-centrique de Dieu. Mais concernant la croix précisément, Denny Weaver ne suit pas sa trajectoire jusqu’au bout. Il parle de Dieu comme étant d’une certaine manière en retrait : « Dieu n’est pas intervenu dans la mort de Jésus et il a permis que Jésus meure pour accomplir sa mission  rédemptrice pour tous les humains. » Il suit les féministes et les théologiennes afro-américaines qui rejettent la notion de la croix comme expression de la solidarité divine et proposent une christologie faible.23 En conséquence, Denny Weaver a tendance à placer Dieu à distance, non seulement de la violence et de la souffrance, mais aussi de ceux et celles qui souffrent. Le Dieu qu’il décrit est indifférent et il évite la souffrance humaine plutôt que d’y apporter une réponse.  Si Dieu ne fait qu’assister à la souffrance du Christ, la croix est effectivement réduite à un simple moment de tragédie humaine et il devient difficile de voir comment elle pourrait apporter une contribution utile concernant la réponse de Dieu à la souffrance subie par les femmes.24

Dans son article « la liberté de la croix », la théologienne féministe afro-américaine Nekeisha Alexis-Baker fait dialoguer les théologies féministes afro-américaines avec l’interprétation de la croix du théologien mennonite John Howard Yoder. Elle explique comment la croix a parfois dynamisé les esclaves et parfois « renforcé leur oppression. » Suivant Yoder, elle fait la différence entre les formes de souffrance volontaire ou involontaire, et affirme que la croix est « le résultat de la décision volontaire de Jésus de rejeter la violence, la haine, l’hostilité et la passivité dans la confrontation avec les puissances. » Ceci permet aux chrétiens de dénoncer « la discrimination raciale, la violence domestique, les abus sexuels et la négligence émotionnelle. » qui sont des formes de souffrance complètement différentes, non volontaires et donc non rédemptrices. Elle conclut : « Assimiler le viol des femmes noires du temps de l’esclavage à la crucifixion de Jésus … risque d’appuyer des théologies de la croix qui rabaissent déjà les femmes noires. » Mais elle pousse plus loin les idées de Yoder concernant la « soumission révolutionnaire » et la soumission à des autorités tyranniques car ces thèses ne mettent pas suffisamment en évidence la nécessité de la résistance non-violente sur la scène publique.25 Nekeisha Alexis-Baker reconnait que la croix peut être utilisée pour opprimer ou pour dynamiser. Mais sa position, comme celle de Denny Weaver, sépare la souffrance des femmes de la croix. En d’autres termes, si la croix ne décrit que les formes volontaires de souffrance, elle n’apporte pas la « bonne nouvelle » de la présence libératrice et dynamisante de Dieu parmi ceux qui souffrent non volontairement. De plus, compte tenu des accusations de harcèlement sexuel dont John Yoder a lui-même fait l’objet, Nekeisha Alexis-Baker s’appuie trop fortement et sans critique sur sa pensée.

Mais d’autres théologiennes mennonites sont amenées à reconnaitre que la croix peut répondre d’une manière libératrice à la souffrance des femmes. Nous avons mentionné plus haut Carol Penner qui écrit : « Une partie de la théologie mennonite de la paix n’a pas apporté de paix dans la vie des femmes mais a au contraire augmenté leur souffrance, » en partie parce que « l’expérience des femmes n’est pas un sujet important dans la théologie mennonite écrite. » Elle met en contraste l’abondance des textes abordant la paix sous l’angle de l’objection de conscience à la guerre et la négligence évidente des violences faites aux femmes, qui n’ont pas leur place comme thème ayant trait à la paix.26  Elle écrit : « la théologie mennonite a fait peu d’efforts pour faire la distinction entre différents types de souffrance, entre la souffrance due à la maladie, et la souffrance due à des violences sexuelles, l’angoisse créée par une catastrophe naturelle et  l’angoisse due à une rupture familiale. Le message commun à la pensée mennonite est souvent que la souffrance, toutes les souffrances, doivent être supportées, comme Jésus a supporté la croix. » Selon elle, « le résultat est que des femmes cassées physiquement sont assises dans les églises et écoutent une théologie qui semble spiritualiser leur souffrance bien réelle. »27 Pour Carol Penner, les thèses du théologien mennonite John H-Yoder concernant la « soumission révolutionnaire » n’ont pas aidé les femmes victimes d’abus car elles « n’apportent pas de correctif » à l’idée que les victimes d’abus qui choisissent de rester avec leur partenaire violent participeraient à une sorte de souffrance volontaire et innocente que John Yoder considère comme un écho rédempteur de la croix – sans parler des abus dont il a lui-même été accusé.28 Mais pour Carol Penner, on ne peut rejeter la croix comme symbole de l’oppression car parmi ceux et celles qui font l’expérience de la souffrance,  il y a des personnes qui« ont trouvé du réconfort dans les symboles chrétiens, » et même « l’espérance » et « la force de continuer » dans l’idée que Christ ou Dieu souffre avec elles ; selon elle, cette image peut être ressentie comme le premier pas vers la libération de la souffrance.29 Ainsi, Carol Penner esquisse-t-elle une approche narrative porteuse de vie, qui prend au sérieux les expériences des femmes en tant que victimes rescapées tout en « discutant de la tradition (chrétienne) plutôt que de la rejeter complètement. » Ainsi, elle fait une démarche importante qui donne de la profondeur théologique à une lecture éthique de la croix, mais elle ne développe pas une interprétation complète et constructive de la croix. Son recentrage de la souffrance des femmes au sein d’une théologie mennonite féministe de la paix reste cependant vital du point de vue méthodologique. Pour ne citer qu’un seul exemple poignant, elle écrit : « certains auteurs ont qualifié le patriarcat de ‘guerre contre les femmes’. Face à cette violence, quels seront les nouveaux objecteurs de conscience ? »30

Dans la même ligne, la théologienne Gayle Gerber Koontz va plus loin concernant la notion de solidarité divine avec la souffrance des femmes. Sa discussion du pardon dans le contexte du « pacifisme de la libération »31 articule efficacement la réponse des femmes à leur souffrance du point de vue féministe-mennonite : les femmes qui répondent à la violence affirment leur identité en tant que sujet. Son argument : tous les chrétiens sont appelés à « une résistance rédemptrice non-violente au mal ». Pour un agresseur, cela signifie « abandonner un pouvoir dominateur ». Une victime doit pour sa part « affirmer sa capacité d’action. » Elle mentionne des tactiques non-violentes pour les victimes : « fuir … rompre le silence… chercher de l’aide » et « en bas de la liste » : pardonner l’agresseur (elle précise ici que pardonner n’exclut pas d’être en colère, de divorcer ou de se défaire d’une relation oppressive,  ce qui ne constitue pas pour elle « des actes violents ou de vengeance ». Gayle Gerber Koontz ajoute que les agresseurs ne peuvent « rien » exiger de la personne à laquelle ils ont nui et que la communauté de foi se doit d’apporter son soutien à la victime tout en demandant avec amour à l’agresseur de rendre compte de ses actes.32 La ré-interprétation  par Gayle Gerber Koontz de l’éthique de l’amour de l’ennemi pour les femmes victimes d’agressions est profonde car elle ré-interprète le pardon et ce que signifie « aimer comme le Christ »  tout en faisant un choix dynamisant orienté d’abord vers la survie et la libération.33 En appelant les victimes à réagir à leur souffrance en tant qu’acteurs et avec compassion, elle conçoit le pardon non comme quelque-chose qui les réduirait à rester des victimes et à se renier, mais au contraire à affirmer qu’elles sont acteurs de leur vie, capables d’utiliser de tactiques de résistance non-violente. Gayle Gerber Koontz fait la différence entre le pouvoir dominateur et la puissance de la « persuasion », l’ « influence » ou la compassion, qu’elle associe à la puissance de Dieu et au paradoxe de la croix elle-même. Elle interprète les paroles de pardon de Jésus sur la croix comme exemple de « l’amour et la compassion de Dieu. » Elle pose l’importante question : « Comment pouvons-vous croire en la bonté et en la puissance d’un Dieu qui ne fait pas usage de violence ou d’un pouvoir coercitif pour résister au mal face à tant de violations et de souffrances ? » Gayle Gerber Koontz affirme aussi la puissance paradoxale de « l’amour-compassion » qui n’est pas  « non-résistance » mais « résistance ultime » car elle refuse de reconnaitre la puissance dominatrice du plus fort ou du seul pouvoir ; elle exclut de « dominer à son tour en refusant de rendre le mal pour le mal. » De plus, elle argumente que l’amour-compassion offre, face à la souffrance, une alternative entre exercer une violence « légitime » et regarder les choses en spectateur. C’est la compassion, « pouvoir qui aide ceux qui souffrent à affirmer leur propre pouvoir, « à gagner le « courage de résister » et au moins à sentir « l’amour divin » dans des situation inévitables de souffrance désespérée. »34 Ici, Gayle Gerber Koontz rapproche la souffrance spécifique des femmes de la croix d’une manière à la fois rédemptrice et libératrice. Toutes deux évoquent la solidarité divine avec toutes les formes de souffrance et l’appel paradoxal à imiter Dieu et à se laisser dynamiser par sa compassion divine pour résister à la souffrance.

Les théologiennes féministes et afro-américaines mentionnées plus haut vont dans la bonne direction lorsqu’elles posent des questions concernant ce que signifie ‘prendre sa croix’, quelles sortes de souffrances peuvent être rédemptrices et comment l’Église peut réagir à des agressions d’une manière constructive, libératrice et dynamisante. Elles ont beaucoup retenu de la critique féministe et féministe afro-américaine des interprétations négatives de la croix. Gayle Gerber Koontz est la seule qui examine plus en profondeur le potentiel constructif et rédempteur trouvé dans la croix par les féministes et les féministes afro-américaines : un acte divin répondant aux souffrances spécifiques aux femmes. Ainsi, elle dépasse la tendance mennonite à considérer la croix comme symbolisant surtout l’éthique, le discipulat ou la souffrance volontaire et à exclure la dimension théologique supplémentaire de la croix, réponse miséricordieuse à la réalité de la souffrance involontaire. Sa perspective est très parallèle à celle de Mary Grey, de Jacquelyn Grant, de JoAnne Marie Terrell et de Dorothee Sölle, pour qui la croix symbolise la compassion divine, interprétation susceptible de redonner vie aux victimes de l’oppression. Cette interaction entre la théologie et l’éthique transforme la relation de Dieu à la souffrance. Affirmer que Dieu est proche de ceux qui souffrent – non pas dans le sens où Il voudrait ou causerait leur souffrance mais dans le sens où ceux qui souffrent sont « prioritaires pour l’amour guérissant de Dieu. » comme le formule Mary Grey35 –  nous laisse avec un Dieu qui n’a pas le contrôle absolu de l’histoire mais dont la compassion dynamise la résistance non-violente. Dans ce sens, présenter Dieu comme le crucifié ne signifie pas se soumettre à la souffrance par masochisme. C’est au contraire symboliser la résistance à la souffrance par la puissance de la compassion en vue de la libération, de la guérison et de la vie nouvelle.

Les implications d’une telle conception théologique doivent être malgré tout encore examinées en profondeur sous un éclairage mennonite attentif à la souffrance des femmes. La plupart des auteurs mennonites mentionnés plus haut s’efforcent de passer de l’éthique traditionnelle de la non-résistance au mal à une éthique de la résistance non-violente, mais la croix nous oriente vers un autre impératif éthique : la compassion avec ceux et celles qui souffrent, illustration de la compassion de Dieu en Jésus-Christ. Ceci fait passer notre attention de ceux qui exercent la violence (ce sont des ennemis qu’il faut aimer) aux victimes ou « aux plus petits » avec lesquels Jésus s’identifie (Matthieu 25). Enfin, il y a encore un aspect inexploré de cette question :  les liens qui existent entre la croix, signe de solidarité, la vie nouvelle dans la résurrection et les expériences puissantes faites par les femmes dans le domaine de l’enfantement et de la maternité, exemples très pratiques de la lutte des femmes pour créer la vie. Ainsi, l’ expérience du don de la vie par les femmes peut-elle mettre fin au récit destructeur et violent de la souffrance rédemptrice en affirmant la vie de manière à la fois symbolique et incarnée, c’est-à-dire à la fois éthique et théologique, parfois qualifiée de « sacramentelle. »36

Coups d’œil sur la bonne nouvelle : trois récits sur les femmes au pied de la croix.

Au lieu de terminer par un résumé des théologies féministes, féministes afro-américaines et/ou mennonites examinées plus haut, je voudrais terminer avec trois coups d’œil sur la manière dont la croix a été et peut être vécue comme bonne nouvelle concernant la souffrance des femmes :

Un groupe de femmes victimes d’abus sexuels se retrouvent dans le sous-sol d’une église. Certaines d’entre elles décident d’assister à une restitution théâtrale de la Passion bien qu’elle ne fassent pas partie de la communauté et qu’elles ne soient même pas croyantes. Après le spectacle, l’une d’elle réagit : « Cette histoire de la croix, c’est la seule partie de ce truc chrétien que j’aime. Je kiffe. Et on dirait que Dieu me kiffe aussi. Il sait. » C’est cette histoire et « pas les bonnes nouvelles de Pâques et le joli baratin sur la guérison » qui trouve son écho dans l’expérience de leur souffrance et qui les « remonte ». Elles se sentent comprises par un Dieu qui a lui-même souffert un traumatisme.37

Un groupe de femmes mennonites américaines ayant subi des violences sexuelles se rend compte que le vocabulaire du sacrifice exemplaire de Jésus sur la croix dans la liturgie de la Sainte Cène  a « accentué leur traumatisme. » Elles constituent un petit groupe de pasteurs, de théologien/nes, de spécialistes de la liturgie et de victimes de violences sexuelles « qui révisent actuellement la liturgie de la Sainte Cène du manuel pastoral mennonite pour que son contenu soit davantage orienté vers la guérison et le don de la vie pour les victimes comme pour l’Eglise mennonite dans son ensemble. On y trouvera à présent des phrases comme : « mon Dieu … je me prépare à participer à la vie abondante que tu offres dans ce pain et dans ce vin et je reconnais de quelles manières j’ai vécu dans la mort. Je dépose ce qui est de la mort et j’entre dans la vie. »38

Sur le campus du Collège Emmanuel à Toronto – une école de théologie de l’Église unie du Canada – a été érigée une sculpture d’Almuth Lutkenhaus-Lackey appelée : « Femme crucifiée. » Beaucoup trouvent cela scandaleux et disent que cette figure féminine du Christ est une hérésie ou qu’elle est trop sexuelle. D’autres la considèrent comme une révélation de la proximité du Christ avec la souffrance des femmes –  quand elles donnent la vie par la naissance ou quand elles sont violées et maltraitées. L’artiste a entendu dire que, pour la première fois, « des femmes voient leur souffrance, leur mort et leur résurrection incarnées dans un corps de femme. » C’est devenu un lieu où les femmes savent que leurs souffrances trouvent refuge dans la souffrance du Christ. » En 1989, après avoir appris la nouvelle du massacre de quatorze étudiantes en ingénieurie à Montreal tuées uniquement parce-que elles étaient des femmes, des centaines de personnes se sont réunies autour de la femme crucifiée pour faire mémoire des victimes – et aussi pour se rappeler que Dieu ne s’est pas détourné mais connait et ressent leur douleur.39

Ces croix – et le Dieu de solidarité et de vie qu’elles représentent – peuvent nous faire dépasser les mythes de la violence rédemptrice et de la souffrance rédemptrice. Au pied de ces croix, des femmes évoquent leur souffrance. Avec elles nous pouvons rendre témoignage de l’appel de Dieu à résister sans violence et à faire objection de conscience à toutes les manières dont nous vivons dans la mort. Si nous désirons profondément la compassion, nous pourrons parvenir à la libération, à la guérison et à la vie.

Footnotes

1

Susanne Guenther Loewen vient de terminer un doctorat en théologie à l’école de théologie de Toronto. Sa thèse avait pour sujet les ré-interprétations mennonites, féministes et féministes afro-américaines de la croix et de la rédemption, en particulier concernant la non-violence, la souffrance et le genre. Elle vit avec son époux et son fils à Saskatoon Saskatchewan. Elle est pasteur de la communauté mennonite Nutana Park.

2

Carol J. Penner, “Mennonite Silences and Feminist Voices: Peace Theology and Violence against Women” (thèse de doctorat, University of St. Michael’s College, 1999), 68.

3

Carol J. Penner, “Content to Suffer: An Exploration of Mennonite Theology from the Context of Violence against Women,” dans Peace Theology and Violence against Women, Articles occasionnels No. 16, réd. Elizabeth G. Yoder (Elkhart, IN: Institute of Mennonite Studies, 1992), 99.

4

Ibid., 2–3, 29–50. Penner discute de cela dans son chapitre sur les théologiens John H. Yoder et Guy F. Hershberger.

5

Cette conception de l’amour de l’ennemi non-résistant affecte aussi négativement d’autres groupes marginalisés, mais cet article met l’accent sur la souffrance des femmes, entre autres sur les manières innombrables dont elles sont privées de pouvoir, réduites à l’état d’objet sexuel, appauvries et sans voix au sein de leur famille, de leur lieu de culte et/ou de la communauté au sens large, uniquement en raison de leur sexe – les expériences les plus courantes étant la violence physique, le harassement sexuel ou le viol.

6

Je définis la théologie féministe comme centrée particulièrement sur le péché du sexisme ou de la discrimination fondée sur le sexe, le genre et/ou la sexualité. Les théologiennes féministes privilégient l’égalité des sexes, les aspects libérateurs des Écritures et de la tradition chrétienne et l’expérience vécue des femmes comme fondement de la réflexion théologique et elles résistent aux formes d’oppression interconnectées que sont le sexisme, le racisme, la discrimination sociale, l’hétérosexisme et le massacre écologique.

7

Je suis la définition de Jacquelyn Grant et JoAnne Marie Terrell de la théologie « womanist » : il s’agit d’un mouvement de femmes chrétiennes noires ou afro-américaines qui partagent de nombreux sujets préoccupant les féministes mais qui souhaitent faire un travail théologique indépendant des féministes et des hommes noirs car elles font l’expérience de l’oppression à trois niveaux : le racisme, la discrimination sociale et l’(hétéro)-sexisme. Voir :  Grant, White Women’s Christ and Black Women’s Jesus: Feminist Christology and Womanist Response (Atlanta, GA : Scholars, 1989), 209, et Terrell, Power in the Blood? The Cross in the African American Experience, 2ème édition. (Eugene, OR: Wipf and Stock, 2005), 136–37.

8

Ruether, Sexism and God-Talk: Toward a Feminist Theology (Boston: Beacon, 1983), 116–38.

9

Terrell, Power in the Blood? 6–7

10

Je fais la différence entre la « souffrance évitable », les formes de souffrances féminines ayant trait au don de la vie comme l’accouchement et d’autres formes de souffrances inhérentes au fait d’être une créature limitée (maladie, mort, etc…) Voir : Doris Jean Dyke, Crucified Woman (Toronto: United Church Publishing, 1991), 66–67, et Mary Grey, Feminism, Redemption and the Christian Tradition (Mystic, CT: Twenty-Third, 1990), 7.

11

Joanne Carlson Brown and Rebecca Parker, “For God So Loved the World?” in Christianity, Patriarchy, and Abuse: A Feminist Critique, rédaction : Brown et Carole R. Bohn (New York: Pilgrim, 1989), 2, 27.

12

Rita Nakashima Brock, Journeys by Heart: A Christology of Erotic Power (New York: Crossroad, 1988), 94, 98–99.

 

13

Delores S. Williams, Sisters in the Wilderness: The Challenge of Womanist God-Talk, 20th Anniversary ed. (Maryknoll, NY: Orbis, 2013), 143, 145–46, 148

14

Selon Tina Beattie, Christa fait de la croix un monument à la violence exercée contre les femmes mais elle pense que, d’une certaine manière, c’est moins tragique de crucifier un homme juif sous l’occupation romaine. Voir : Beattie, “Sexuality and the Resurrection of the Body: Reflections in a Hall of Mirrors,” dans Resurrection Reconsidered, réd. Gavin D’Costa (Rockport, MA: Oneworld, 1996), 142–43.

15

Grey, citée dans Julie Clague, “Symbolism and the Power of Art: Female Representations of Christ Crucified,” dans Bodies in Question: Gender, Religion, Text, réd. Darlene Bird et Yvonne Sherwood (Burlington, VT: Ashgate, 2005), 44, 49. Julie Clague cite Grey ici. Voir aussi Serene Jones, Trauma and Grace: Theology in a Ruptured World (Louisville, KY: Westminster John Knox, 2009), 81.

16

Grant, 220–21; et Terrell, 124, 122, 100.

17

Dorothee Sölle, Suffering, traduction Everett R. Kalin (Philadelphia: Fortress, 1975), 82, 94–95, 147–48, 163–64, et Sölle, Christ the Representative: An Essay in Theology after the Death of God, traduction David Lewis (London: SCM, 1967), 99. Voir M. Susanne Guenther Loewen, “Making Peace with the Cross: A Mennonite-Feminist Exploration of Dorothee Sölle and J. Denny Weaver on Nonviolence, Atonement, and Redemption” (thèse de doctorat, University of St. Michael’s College, 2016).

18
  1. Denny Weaver, The Nonviolent Atonement, 2ème édition (Grand Rapids, MI: Eerdmans, 2011), 5–7, 323, 141–42. Denny Weaver reconnait que « la théologie de la libération noire de James Cone a une tout ‚autre origine‘ et un ‚autre programme‘ que sa propre théologie de la rédemption non-violente. » Il reconnaît que ces « deux critiques » sont « marginales de diverses manières et à divers degrés …» Weaver utilise la critique de Cone parallèlement à une critique mennonite qui prend au sérieux l’affirmation de Cone que l’esclavage et le racisme contre les afro-américains sont une forme insidieuse de violence qui doit être abordée par une Église et une théologie qui se dit non-violente. Voir J. Denny Weaver, Anabaptist Theology in Face of Postmodernity: A Proposal for the Third Millennium, C. Henry Smith Series (Telford, PA: Pandora U.S., 2000), 140–41.
19

J. Denny Weaver, Nonviolent Atonement, 160–62. Voir aussi 46–48.

20

Ibid., 245–46, 183, et J. Denny Weaver, The Nonviolent God (Grand Rapids, MI: Eerdmans, 2013), 5.

21

Weaver, Nonviolent Atonement, 269, 94, 48, 312; voir aussi 308.

22

Par exemple, Denny Weaver rejoint la théologienne Delores Williams et reconnait que se détourner du péché a un sens différent pour l’oppresseur et pour l’opprimé : « L’opprimé a cessé (sic) d’accepter l’oppression et rejoint la loi de Dieu ; les oppresseurs cessent d’opprimer les autres et se soumettent à la loi de Dieu. » Weaver, Nonviolent Atonement, 213–14, et Nonviolent God, 273.

23

Weaver, Nonviolent Atonement, 44, 166–67, 245-69, et Nonviolent God, 57.

24

Voir Denny Weaver, Nonviolent Atonement, 161, où il affirme que sa théorie de la rédemption « évite » les problèmes évoqués par Brown et Parker. Voir aussi 8-9, 151, où la définition détaillée de la violence selon Denny Weaver n’évoque pas les abus et les agressions sexuels bien qu’il mentionne les abus sexuels dans les théologies féministes et féministes afro-américaines et accessoirement dans son livre Nonviolent God, 193–94.

25

Nekeisha Alexis-Baker, “Freedom of the Cross: John Howard Yoder and Womanist Theologies in Conversation,”dans Power and Practices : Engaging the Work of John Howard Yoder, réd. Jeremy M. Bergen et Anthony G. Siegrist (Waterloo, ON: Herald, 2009), 84, 87–89, 92–94. Pour une discussion des abus de John Yoder, voir Rachel Waltner Goossen, “‘Defanging the Beast’: Mennonite Responses to John Howard Yoder’s Sexual Abuse,” Mennonite Quarterly Review 89, no. 1 (January 2015): 7–80.

26

Penner, “Mennonite Silences and Feminist Voices,” 180, 14.

27

Penner, “Content to Suffer,” 99, et “Mennonite Silences and Feminist Voices,” 137.

28

Penner, “Content to Suffer, 103–4.

29

Ibid., 106, 108, 99, et “Mennonite Silences and Feminist Voices,” 143–45, 173–74.

30

Ibid., 174, 165, 146–47, 171.

31

Gayle Gerber Koontz emprunte cette catégorie à J. R. Burkholder et Barbara Nelson Gingerich, réd., Mennonite Peace Theology: A Panorama of Types (Akron, PA: Mennonite Central Committee, 1991).

32

Gayle Gerber Koontz, “Redemptive Resistance to Violation of Women: Christian Power, Justice, and Self-Giving Love,” dans Peace Theology and Violence against Women, Occasional Papers No. 16, ed. Elizabeth G. Yoder (Elkhart, IN: Institute of Mennonite Studies, 1992), 30, 34, 39–41, 44–45. Penner diverge de Koontz sur ce point. Voir Penner, “Mennonite Silences and Feminist Voices,” 160–61.

33

Koontz, “Redemptive Resistance,” 31, 33, 35.

34

Ibid., 34–37. Si on reconnait que la souffrance ne peut pas toujours être évitée ou résolue, on s’éloigne d’une conception selon laquelle Dieu aurait le contrôle absolu de l’histoire et on parle d’un Dieu non-violent présent inconditionnellement au milieu de ceux qui souffrent et qui veut qu’ils soient dynamisés et libérés autant que possible.

35

Voir Grey citée dans Clague, “Symbolism and the Power of Art,” 81.

36

Voir plus haut les références à Dorothee Sölle et Grey, Feminism, Redemption, and the Christian Tradition, 160, 174–79, 186, 191. La féministe mennonite Malinda E. Berry examine aussi le rapport entre Dieu qui accouche et la croix comme « arbre de vie », mais elle ne développe pas la notion de la croix comme expression de la solidarité divine. Voir Malinda Elizabeth Berry, “ ‘This Mark of a Standing Human Figure Poised to Embrace’: A Constructive Theology of Social Responsibility, Nonviolence, and Nonconformity” (thèse de doctorat, Union Theological Seminary, 2013), 18, 16, 29.

37

Ici, je suis la thèse de Terrell sur « l’éthique de l’amour-justice comme témoignage sacramentel rendu à la bonté et à la puissance de Dieu qui replace l’activité à venir de Dieu» dans le présent. Voir Terrell, Power in the Blood? 55, 57

38

Jones, Trauma and Grace, 76–77.

39

Hilary Jerome Scarsella, “The Lord’s Supper in Relation to Sexualized Violence: Harm and Healing throughout the Ecclesial Body,” Texte présenté lors de la réunion annuelle de l’Académie américaine de la religion à San Diego, Californie, le 22 novembre 2014 ; et Scarsella, “Sexual Abuse and the Lord’s Supper,” 95–96, 107. Dans cet article, elle indique en caractères gras les changements qu’elle a faits dans la liturgie du manuel pastoral de John D.Rempel (Newton, KS: Faith & Life, 1998), 73–74. Voir Scarsella et. al, “The Lord’s Supper: A Ritual of Harm or Healing?” Leader (été 2016): 33–48.

40

Clague, “Symbolism and the Power of Art,” 36, et Dyke, Crucified Woman, 2, 56, 66.